Contes et récits d'Auvergne
L’Auvergne a une situation géographique qui semble éminemment propre à la conservation de la littérature orale: jusqu’à une époque relativement récente, elle est restée assez isolée; elle est peuplée d’une race qui, si elle émigre beaucoup, a, comme les Bretons, un esprit de retour très caractérisé, et qui se mélange peu avec les provinces voisines.
Si l’on ajoute que les soirées d’hiver, surtout dans la partie montagneuse, réunissent fréquemment les habitants des villages, on conviendra qu’il y existe un milieu assez analogue à la Bretagne, et l’on doit s’attendre à trouver des richesses traditionnelles presque aussi considérables. Je puis même en donner une preuve tout à fait convaincante, puisqu’elle résulte d’une expérience personnelle; plus de la moitié des contes de ce volume ont été recueillis à Paris, de la bouche de deux personnes originaires d’Auvergne.
Vers 1883, je rencontrais assez souvent au «Dîner Celtique» le docteur Paulin, qui est né aux environs de Royat; un soir, il me dit:
— J’ai lu vos Contes de la Haute-Bretagne, et ils m’ont fait souvenir de quelques-uns de ceux que l’on raconte chez nous, dans le Puy-de-Dôme.
— Hé bien ! lui dis-je, il faut les noter.
— Non, je n’ai pas le temps, et je ne sais comment les écrire; mais je vais vous en dire quelques-uns.
Et c’est ainsi que, dans un coin du restaurant d’Alençon, il me raconta, au milieu des conversations, les quatre récits de la série surnaturelle qui figurent dans ce recueil et plusieurs contes comiques ou légendaires. (P. Sébillot)
La deuxième source de Sébillot fut Mademoiselle Antoinette Bon qui lui remit un manuscrit volumineux de contes, de légendes et de superstitions.
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