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L'héritage

Image de couverture«Hériter cinquante ans après la mort de quelqu’un ? Bizarre… Surtout si c’est un héritage assorti de conditions très curieuses. Ces codicilles semblent absurdes. J’étais astreint à m’occuper de tous les animaux vivants dans cette demeure. Après cinquante ans, peut-être restait-il un chat-huant dans les poutres du grenier, mais les autres animaux… sous la forme de fantôme, peut-être? Et encore…

La demeure n’est pas toute jeune, c’est le moins que l’on puisse dire. Le sol est et a toujours été de la terre battue par dix siècles de piétinements réguliers et quotidiens. Piétinements alternant avec le balayage, hebdomadaire celui-ci probablement, au moyen du traditionnel balai de genêt cueilli dans le Val sans Retour. Le genêt bien sûr, pas les balais! Bien que la forêt soit magique, elle se cantonne au raisonnable. Je n’avais jamais remarqué cette maison, tant elle s’intègre dans le paysage. C’est une petite ferme-manoir — du XIe siècle probablement — enfin, une grosse maison plutôt. Pourtant, j’ai dû passer bien souvent à côté.

Surtout lorsque j’étais petit, mais trente années passées en pension et à la capitale, comme on dit ici, vous font oublier beaucoup de choses, beaucoup de souvenirs. J’y avais passé très certainement des vacances heureuses, mais tout cela m’était sorti de la tête. Quelques meubles passablement déglingués, un lit à baldaquin dont les drapés pendent lamentablement; une vieille baignoire à pieds de lion, un miroir dont les bords biseautés sont son seul et unique cadre et dont le tain n’existe plus qu’à l’état de souvenir aussi morcelé que les miens.

Dire qu’il va me falloir habiter dans cette masure alors que, jusqu’à présent, je vivais dans un confort qui, bien que beaucoup moins esthétique à mon goût, était beaucoup plus confortable. Demain, je transporterai ici le peu d’objets auxquels je tiens, la vaisselle courante, la cafetière électrique (et sacro-sainte), les vêtements qui, eux, doivent tenir dans une seule valise, pas trop grande, pouvant recevoir trois pantalons de velours et quelques chemises, et surtout quelques six mille bouquins de tout poil et de tous papiers. De ceux-là, je serai bien incapable de me passer…»

Romain hérite de cette masure en Brocéliance à la limite du délabrement, il s'y trouve d'abord très seul, il verra qu'elle recèle des trésors insoupçonnés.

Alain Bocher de Trégor est druide et barde. Le rôle du barde est celui d’acquérir et de diffuser la connaissance de la tradition. C’est ainsi qu’au moyen âge, les bardes pouvaient être des troubadours qui arpentaient les régions et diffusaient la connaissance sous la forme de chants ou de contes. De nos jours, les moyens sont plus «high-tech», et c’est sous la forme de romans et de e-books qu’Alain a choisi de remplir sa mission de barde. À l’instar des contes des traditions populaires, ses romans sont émaillés de pans de sagesse qu’il faut savoir parfois trouver entre les lignes.

 

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